L’usage de certains fluides frigorigènes, considérés comme néfastes pour l’environnement, est désormais fortement réglementé, pour donner suite aux réformes imposées par la réglementation F-Gaz.
De fait, le retrofit des systèmes frigorifiques s’annonce incontournable pour les professionnels de ce secteur. L’usage de fluides de remplacement plus respectueux de l’environnement, notamment ceux qui ont un faible potentiel de réchauffement planétaire, abrégé PRP en français et GWP en anglais est désormais un enjeu prioritaire pour certaines industries à l’instar de l’agro-alimentaire et du retail.
Qu’est-ce que le rétrofit ? Quels bénéfices et quelles conséquences ? Quel est l’impact de la réglementation F-Gaz? Quels sont les acteurs concernés ?
Le rétrofit, c’est quoi ?
Avant de nous étendre sur le sujet, commençons par évoquer ce qu’est le rétrofit.
Il s’agit tout simplement d’adapter votre système de réfrigération en remplaçant du fluide frigorigène désormais interdit ou fortement impacté par la réglementation, par un autre fluide autorisé par la réglementation F-gaz II.
Pourquoi faire un rétrofit ?
Comme évoqué, la réglementation F-Gaz va progressivement interdire certains fluides à court terme. D’où la nécessité de remplacer vos fluides frigorigènes classés dans la catégorie des fluides polluants.
D’un point de vue économique, la réglementation f-gaz impact les coûts d’exploitation des entreprises utilisant des systèmes froids, avec une augmentation du tarif des fluides de plus de 50% depuis 2015. La mise en place d’une logique des quotas des fluides frigorigènes encore autorisés entraine une raréfaction des fluides disponibles et donc une hausse de leurs prix.
Investir désormais dans le retrofit permet de sortir de cette logique de quotas de fluides temporairement encore disponibles mais dont les tarifs ne vont ne faire qu’augmenter.
Pour se rendre compte de l’impact économique, il est pertinent de calculer le taux de fuite annuel sur l’installation. Cela permet de quantifier le fluide perdu et donc la perte économique associée (prix au kilo).
Ainsi, ce simple calcul permet de comprendre l’importance de réaliser un retrofit avec un fluide moins cher et non soumis aux quotas réglementaires. Il met donc en lumière l’économie générée.
Le reconditionnement du fluide : une solution ?
De nombreux fluides frigorigènes utilisés encore aujourd’hui seront interdits d’utilisation d’ici 2030. Cela signifie qu’une installation utilisant un gaz inscrit dans la liste des gaz voués à disparaitre, va devoir, soit procéder au changement de ses installations frigorifiques pour rester conforme à la réglementation, soit intégrer un nouveau fluide par la mise en place d’un retrofit.
Les entreprises ont l’opportunité de reconditionner le fluide rentrant sous le joug de la réglementation f-gaz. Il s’agit d’une remise sur le marché de ce fluide réglementé auprès de sociétés spécialisées dans le reconditionnement.
Prenons en exemple le cas du R404. C’est le fluide le plus couramment utilisé dans la gestion du froid des entreprises. Un exploitant peut faire une récupération de fluide par une société intermédiaire pour le revendre ensuite à d’autres. Cette revente ne se fait pas au prix du marché, mais moins cher.
Qu’est-ce que la F-Gaz ?
La F-Gaz est une réglementation européenne visant à interdire certains fluides frigorigènes utilisés dans la production de froid industriel et commercial. Cela concerne certains fluides ayant une note PRG (potentiel de réchauffement global) supérieure à celle autorisée dans la réglementation F-Gaz. La note PRG d’un fluide frigorigène est un indicateur permettant de décrire précisément les émissions de gaz à effet de serre du fluide.
Cette réglementation concerne tous les pays membres de l’Union Européenne.
Tous les acteurs du marché froid sont tenus de la respecter. Toutes les industries utilisant des fluides frigorigènes sont concernées.
Tout exploitant, qu’il s’agisse d’une petite entreprise, d’une société leader de la grande distribution, ou entreprise industrielle, est soumis à la réglementation F-Gaz. Mais pour l’heure, très peu d’entreprises ont conscience de cette réglementation et de l’échéance qui arrive.
Il faut également garder en tête que le rétrofit ne sera pas toujours une solution possible pour les installations. Tous les fluides ne sont pas remplaçables à l’heure actuelle. Et si tel est le cas, il existe toujours un risque de perte de puissance.
Choix et utilisation du rétrofit
L’usage du rétrofit amène les fluides à passer d’un état de gaz à un état liquide. Le taux de condensation va donc changer, ce qui induit une perte de puissance.
Le remplacement du fluide frigorigène ne sera pas intéressant si l’installation est très vieille. Un remodeling complet avec changement de process de production de froid, sera alors nécessaire.
Choisir le rétrofit requiert une grosse phase de préparation. La quantité de fluides récupérée et réinjectée met à l’arrêt l’installation en question. Une anticipation en amont de l’intervention est à prévoir.
Se posent alors plusieurs questions :
- Combien de temps va prendre le rétrofit et la remise à niveau de l’installation ? (Stockage froid)
- Le dimensionnement est-il toujours adapté aux besoins en froid ? (Production/distribution)
- Le fluide de substitution utilisé convient-il aux besoins ?
- L’inventaire des installations est-il à jour ? (Quantification fluide, évaporateurs, détendeurs, …)
Ces éléments sont essentiels avant de se lancer dans les étapes clés du rétrofit.
Les étapes clés du retrofit
Pour mettre en place son rétrofit, il est essentiel de respecter les étapes clés dans un ordre précis.
- Etape 1 : L’audit froid complet des installations de production de froid et l’inventaire (puissance frigo, etc). Pourquoi faire ? Il s’agit de l’évaluation de l’installation actuelle pour définir le fluide de substitution.
- Etape 2 : Vient la seconde étape de coordination entre Helexia, l’exploitant (le client) et le prestataire qui va assurer l’opération de retrofit (le frigoriste). Pour cela, nous travaillons via un listing des besoins : quantité de fluide sur site, lieu de stockage, date d’arrêt des lignes de production. Prévoir le stockage froid le temps de l’opération (approvisionnement en glace sèche pour éviter de perdre de la marchandise ou un container frigorifique s’il n’y a pas beaucoup de marchandises).
- Etape 3 : Mise en œuvre et suivi avec le frigoriste. Vérifier que l’opération débute bien dans les formes et selon le planning établi. Les difficultés particulières qui peuvent être rencontrées. On vérifie les délais de réalisation (étape par étape). Ensuite le frigoriste remet en route l’installation, effectue les réglages (HP, BP, surchauffe, …) et s’assure que les températures sont conformes aux besoins.
- Etape 4 : La partie documentaire, une étape cruciale. Il faut s’assurer de pouvoir récupérer auprès du frigoriste ces documents : Cerfa de manipulation de fluide. C’est une expertise qui demande des compétences en interne. Elle est souvent sous-traitée au frigoriste ou à une entreprise comme Helexia qui offre un accompagnement plus global (contrôle et vérification des mouvements de fluides, apposition des vignettes de contrôle d’étanchéité). Le non-respect de la réglementation est lié à l’exploitant et non à son frigoriste, ce qui l’expose à des sanctions (amendes ou pénales) en cas de non-conformité.
- Etape 5 : Phase d’optimisation et d’amélioration. Elle consiste à mettre en place des détecteurs de niveau pour surveiller les fuites sur l’installation. Pour les installations qui font plus de 500 tonnes équivalent CO2 (calcul PRG), il est obligatoire d’avoir un système de détection. L’objectif de ce système de supervision et de report d’alarme est bien de vérifier que l’installation conserve son étanchéité, garante du bon fonctionnement de la production et de la tenue des températures froides. Pour cela, l’entreprise peut avoir recours à un Energy manager pour la bonne gestion de cette étape.
- Etape 6 : Dernière étape post-rétrofit : Evaluer le système de détection de fuite (surveillance de la parfaite étanchéité de l’installation) et vérification dans le temps de la bonne adaptation de l’installation aux besoins de l’exploitant (tenue en température, consigne respectée, absence de problèmes techniques…)
Le rétrofit quelle valeur ajoutée ?
L’investissement à prévoir pour le rétrofit d’une installation moyenne (prix du fluide inclus) est d’est environ 15000€, contre environ 150000€ pour le renouvellement total de celle-ci. (hors coût perte d’exploitation si la production est à l’arrêt plusieurs jours).
Le rétrofit semble la solution tout aussi efficace et adaptée à la règlementation. Cependant, dans certains cas, le rétrofit sera impossible ou inadapté, le remplacement de l’installation s’avèrera la seule solution.
Réaliser un rétrofit est nécessaire pour deux raisons :
- Des raisons environnementales, plus que jamais d’actualité. L’objectif est de délivrer le moins d’agents polluants possible.
- Des considérations purement techniques. Le rétrofit est utilisé pour améliorer les performances de production de froid.
Rétrofit et F-Gaz : conclusion
Remplacer les fluides frigorigènes au plus fort PRG est considéré à ce jour comme la solution la plus efficace contre le changement climatique. Le rétrofit en lui-même pourrait éviter plusieurs années d’émissions de dioxyde de carbone.
Une alternative plus qu’intéressante à condition d’effectuer un audit en amont et un suivi post-installation avec les prestataires qualifiés.
Kalim Belhacene
Expert Froid
Mercredi 31 Août 2022
